Covid-19 et cancer : Etude rétrospective d’une cohorte de 212 patients infectés par le SARS-CoV-2 et suivis pour une tumeur solide en Alsace : taux de mortalité et facteurs prédictifs de décès
Langue Français
Langue Français
Auteur(s) : Martin Sophie
Directeur : Barthelemy Philippe
Composante : MEDECINE
Date de création : 17-12-2020
Description : Médecine. Oncologie médicale, Introduction : le virus SARS-CoV-2, agent pathogène responsable de la pandémie actuelle de la COVID-19, à l’origine du décès de plus d’un million de personnes dans le monde, est un défi majeur pour le monde médical et celui de la recherche. Les sujets atteints d’une pathologie néoplasique étant à priori plus vulnérables du fait d’une immunosuppression liée à la maladie et aux traitement spécifiques, les objectifs de notre étude étaient d’estimer le taux de mortalité dans cette catégorie de patients puis d’extraire les caractéristiques générales et surtout carcinologiques associées à une augmentation du risque de décès lié à la COVID-19. Patients et Méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique en Alsace des cas COVID-19 suivis pour une tumeur solide quel que soit le type tumoral, la localisation et à tous stades de la maladie. Ont été inclus les patients en cours de traitements spécifiques (systémiques et/ou traitements loco-régionaux), en rémission ou bénéficiant uniquement de soins de support présentant une infection au SARS-CoV-2 prouvée (RT-PCR, sérologie ou TDM thoracique) ou fortement suspectée par une clinique évocatrice. Résultats : nous avons inclus 212 patients (âge médian de 67 ans ; sexe ratio 1 : 1) entre le 20 février et le 7 mai 2020 dans différents établissements de santé de Strasbourg, Mulhouse et Colmar. Ils étaient suivis, majoritairement, pour un cancer gastro-intestinal (23%), un cancer du sein (21%) ou un cancer urologique (18%). Trente-deux patients étaient en rémission, 38 étaient traités à un stade précoce de la maladie (traitement adjuvant et néoadjuvant) et 142 patients étaient métastatiques. Parmi ces derniers, 109 (58%) avaient des traitements systémiques en cours, 17 (8%) bénéficiaient uniquement de soins de support et 16 avaient bénéficié d’un traitement loco-régional dans les 3 mois précédents ou étaient en cours de bilan. Le taux de mortalité dans notre cohorte était de 30% (62 décès). Comme facteurs de risques généraux, un état général précaire (PS ≥3) (6.76 [2.8-17.2] ; p=0.0001) ou un antécédent d’une autre pathologie onco-hématologique que celle traitée actuellement (2.47 [1.04-5.93] ; p=0.0398) sont significativement associés à un risque plus élevé de décès comparé à une autre comorbidité (pulmonaire ou cardiovasculaire). Les patients atteints d’un cancer digestif (6.02 [1.81 to 22.65] ; p=0.0049), ou ayant bénéficié de radiothérapie (3.1 [1.3-8.4] ; p=0.01) apparaissent comme un sous-groupe de patients encore plus à risque de mauvaise évolution. En ce qui concerne l’immunothérapie (11 [1.2-137] ; p=0.04) qui apparait significativement associée à un risque accru de décès en comparaison à d’autres traitements systémiques (chimiothérapie, thérapies ciblées et hormonothérapie), ce résultat reste à confirmer au vu du faible effectif de patients concernés. Pour terminer, l’ensemble des mesures (modifications de protocoles, allégement ou report de traitements) visant à anticiper le risque d’infection et de formes graves de la COVID-19 semblent avoir un effet positif sur le taux de mortalité (0.19 [0.05-0.66] ; p=0.011). Conclusions : la mortalité au COVID-19 dépend non seulement de facteurs généraux mais également des caractéristiques carcinologiques des patients et notamment du type tumoral et du traitement en cours. Ce travail souligne l’importance de toute modification de prise en charge spécifique pouvant être, par précaution, décidée en amont d’une infection avérée au SARS-CoV-2 chez les patients suivis pour une tumeur solide, permettant une réduction signification de la mortalité., BACKGROUND: The clinical characteristics of COVID-19 cancer patients and the impact of anticancer treatments remain unclear. We aimed to describe a large series of solid tumor patients in an early disease cluster of the eastern part of France. PATIENTS and METHODS: This multicenter retrospective study enrolled cancer patients positive for severe acute respiratory coronavirus 2 (SARS-CoV-2) on RT-PCR, serological test, with a radiological or clinical diagnosis of COVID-19. All in and outpatients under treatment or on follow-up for any type of malignant solid tumor were enrolled. Univariate and multivariate analyses were performed to assess risk factors associated with mortality. RESULTS: From February 20, to May 7, 2020, we included 212 patients (median age: 67 years old; sex ratio 1:1): gastrointestinal cancers were the most common tumor type (23%), followed by breast (21%) and genitourinary cancers (18%). Thirty-two patients (15%) were in remission, 38 patients (18%) were treated for early stage disease and 142 (67%) patients were metastatic. The mortality rate was 30% (n=63). We identified performance status 3, gastrointestinal cancers, immunotherapy and radiotherapy as risk factors for death. In case of suspected COVID-19, treatment delay or modification significantly reduced the risk of death. CONCLUSION: Mortality from COVID-19 in cancer patients is related not only to general characteristics, initial severity of symptoms or chest CT findings but also to cancer characteristics and current anticancer treatment. Physicians’ awareness for COVID-19 symptoms is of outstanding importance for considering anticancer treatment modification or delay, as it significantly reduces COVID-19 mortality.
Mots-clés libres : Covid-19, 617.6, SARS-CoV-2
Couverture : FR
Directeur : Barthelemy Philippe
Composante : MEDECINE
Date de création : 17-12-2020
Description : Médecine. Oncologie médicale, Introduction : le virus SARS-CoV-2, agent pathogène responsable de la pandémie actuelle de la COVID-19, à l’origine du décès de plus d’un million de personnes dans le monde, est un défi majeur pour le monde médical et celui de la recherche. Les sujets atteints d’une pathologie néoplasique étant à priori plus vulnérables du fait d’une immunosuppression liée à la maladie et aux traitement spécifiques, les objectifs de notre étude étaient d’estimer le taux de mortalité dans cette catégorie de patients puis d’extraire les caractéristiques générales et surtout carcinologiques associées à une augmentation du risque de décès lié à la COVID-19. Patients et Méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique en Alsace des cas COVID-19 suivis pour une tumeur solide quel que soit le type tumoral, la localisation et à tous stades de la maladie. Ont été inclus les patients en cours de traitements spécifiques (systémiques et/ou traitements loco-régionaux), en rémission ou bénéficiant uniquement de soins de support présentant une infection au SARS-CoV-2 prouvée (RT-PCR, sérologie ou TDM thoracique) ou fortement suspectée par une clinique évocatrice. Résultats : nous avons inclus 212 patients (âge médian de 67 ans ; sexe ratio 1 : 1) entre le 20 février et le 7 mai 2020 dans différents établissements de santé de Strasbourg, Mulhouse et Colmar. Ils étaient suivis, majoritairement, pour un cancer gastro-intestinal (23%), un cancer du sein (21%) ou un cancer urologique (18%). Trente-deux patients étaient en rémission, 38 étaient traités à un stade précoce de la maladie (traitement adjuvant et néoadjuvant) et 142 patients étaient métastatiques. Parmi ces derniers, 109 (58%) avaient des traitements systémiques en cours, 17 (8%) bénéficiaient uniquement de soins de support et 16 avaient bénéficié d’un traitement loco-régional dans les 3 mois précédents ou étaient en cours de bilan. Le taux de mortalité dans notre cohorte était de 30% (62 décès). Comme facteurs de risques généraux, un état général précaire (PS ≥3) (6.76 [2.8-17.2] ; p=0.0001) ou un antécédent d’une autre pathologie onco-hématologique que celle traitée actuellement (2.47 [1.04-5.93] ; p=0.0398) sont significativement associés à un risque plus élevé de décès comparé à une autre comorbidité (pulmonaire ou cardiovasculaire). Les patients atteints d’un cancer digestif (6.02 [1.81 to 22.65] ; p=0.0049), ou ayant bénéficié de radiothérapie (3.1 [1.3-8.4] ; p=0.01) apparaissent comme un sous-groupe de patients encore plus à risque de mauvaise évolution. En ce qui concerne l’immunothérapie (11 [1.2-137] ; p=0.04) qui apparait significativement associée à un risque accru de décès en comparaison à d’autres traitements systémiques (chimiothérapie, thérapies ciblées et hormonothérapie), ce résultat reste à confirmer au vu du faible effectif de patients concernés. Pour terminer, l’ensemble des mesures (modifications de protocoles, allégement ou report de traitements) visant à anticiper le risque d’infection et de formes graves de la COVID-19 semblent avoir un effet positif sur le taux de mortalité (0.19 [0.05-0.66] ; p=0.011). Conclusions : la mortalité au COVID-19 dépend non seulement de facteurs généraux mais également des caractéristiques carcinologiques des patients et notamment du type tumoral et du traitement en cours. Ce travail souligne l’importance de toute modification de prise en charge spécifique pouvant être, par précaution, décidée en amont d’une infection avérée au SARS-CoV-2 chez les patients suivis pour une tumeur solide, permettant une réduction signification de la mortalité., BACKGROUND: The clinical characteristics of COVID-19 cancer patients and the impact of anticancer treatments remain unclear. We aimed to describe a large series of solid tumor patients in an early disease cluster of the eastern part of France. PATIENTS and METHODS: This multicenter retrospective study enrolled cancer patients positive for severe acute respiratory coronavirus 2 (SARS-CoV-2) on RT-PCR, serological test, with a radiological or clinical diagnosis of COVID-19. All in and outpatients under treatment or on follow-up for any type of malignant solid tumor were enrolled. Univariate and multivariate analyses were performed to assess risk factors associated with mortality. RESULTS: From February 20, to May 7, 2020, we included 212 patients (median age: 67 years old; sex ratio 1:1): gastrointestinal cancers were the most common tumor type (23%), followed by breast (21%) and genitourinary cancers (18%). Thirty-two patients (15%) were in remission, 38 patients (18%) were treated for early stage disease and 142 (67%) patients were metastatic. The mortality rate was 30% (n=63). We identified performance status 3, gastrointestinal cancers, immunotherapy and radiotherapy as risk factors for death. In case of suspected COVID-19, treatment delay or modification significantly reduced the risk of death. CONCLUSION: Mortality from COVID-19 in cancer patients is related not only to general characteristics, initial severity of symptoms or chest CT findings but also to cancer characteristics and current anticancer treatment. Physicians’ awareness for COVID-19 symptoms is of outstanding importance for considering anticancer treatment modification or delay, as it significantly reduces COVID-19 mortality.
Mots-clés libres : Covid-19, 617.6, SARS-CoV-2
Couverture : FR
Type : Thèse d’exercice, ressource électronique, Médecine
Source(s) :
Source(s) :
- http://www.sudoc.fr/252678400
Entrepôt d'origine :
Identifiant : ecrin-ori-105281
Type de ressource : Ressource documentaire
Identifiant : ecrin-ori-105281
Type de ressource : Ressource documentaire